2011.12.13

2011.12.13

PLUS OU MOINS 6000 EMPLOIS EN JEU

Le refus du gouvernement du Québec d’exclure de la zone de protection du Plan Nord les unités d’aménagement forestier pourrait entraîner une catastrophe économique.

Les pertes au chapitre de l’activité économique serait de 215 millions$ annuellement ce qui aurait un impact direct sur plus ou moins 6000 emplois provoqués par une réduction de la possibilité forestière sur une superficie de 2,1 millions de mètres cubes de bois.

La FTQ régionale a travaillé au cours des dernières semaines sur différents scénarios pour bien illustrer l’impact de la décision du gouvernement du Québec de protéger dans le projet de loi principal du Plan Nord 50% de toute la superficie du territoire québécois à partir du 49e parallèle.
Selon son porte-parole, Jean-Marc Crevier, les chiffres donnent froid dans le dos et la transposition sur une carte de ce que représente cette décision crée une commotion au sein de l’industrie et ses travailleurs.

«C’est comme si on disait à Rio Tinto Alcan d’investir dans des usines neuves sans être en mesure de lui assurer un approvisionnement hydroélectrique stable. Alors qu’on se bat pour créer un créneau dans l’industrie du bois, le gouvernement fait en sorte de donner le signal contraire en refusant de protéger les territoires forestiers qui sont en ce moment sous contrat d’approvisionnement», précise le leader syndical, qui précise que les chiffres proviennent des documents gouvernementaux et des projections du Forestier en chef.

Aménagement

Pour en arriver à ces conclusions, la FTQ a regroupé les chiffres en fonction de la répartition géographique des unités exploitées par les entreprises qui opèrent des usines dans la région. En fait, cinq des sept unités d’aménagement qui couvrent le parterre forestier du Saguenay-Lac-Saint-Jean chevauchent le 49e parallèle. Dans le Plan Nord, c’est la limite sud à partir de laquelle Québec entend protéger 50% de toute activité industrielle, incluant les opérations forestières.

L’addition des superficies de ces territoires confirme que 74% du territoire servant à la récolte pour les usines de la région est vulnérable à une protection permanente, ce qui représente un volume de 4,3 millions de mètres cubes de bois. La protection de 50% de ces terres permet d’en arriver à l’évaluation faite par la FTQ sur la disparition de 2,1 millions de mètres cubes de bois de la possibilité forestière régionale.

Le retrait de cette superficie se traduirait en même temps par un manque à gagner de l’ordre de 940 000 tonnes métriques de copeaux par année, soit quatre fois la consommation de la papeterie Kénogami (250 000 tonnes métriques) ou tout le volume de Fibrek de Saint-Félicien (700 000 tonnes métriques). Le coup sera aussi dur à absorber pour le secteur de la biomasse avec une perte de production de 250 000 tonnes métriques d’écorce (verte) par année.
Pour l’industrie du sciage, la baisse annoncée représente la production de cinq usines de la dimension de Saint-Thomas-Didyme ou trois usines de la dimension de Girardville ou Mistassini.

La situation risque d’être encore plus dramatique puisque les chiffres utilisés par l’organisation syndicale pour mesurer l’impact de ce choix du gouvernement ne tiennent pas compte de la dernière réduction de la possibilité forestière du Forestier en chef qui représente 500 000 mètres cubes de mois de matière ligneuse pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Zones d’exploitation forestière touchées par le Plan Nord : Au moins 74% du parterre de coupe forestière de la région est situé au nord du 49e parallèle, la limite sud du Plan Nord. Au-delà de cette limite, Québec protégera 50% du territoire. C’est donc une bonne partie de la forêt commerciale qui alimente l’industrie de la transformation de la région et aussi de l’extérieur du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui risque de disparaître et en même temps, restreindre de façonsignificative la ressource pour les besoins industriels.

Gérard Poulin analyse les projections de la FTQ

Des évaluations réalistes

Les évaluations réalisées par la FTQ sur les impacts prévisibles de la mise en œuvre du régime de protection des terres publiques du Plan Nord tiennent la route et sont dans une certaine mesure « conservatrice ».

Le consultant indépendant et ex-directeur régional du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Gérard Poulin, a effectué, à la demande du journal Le Quotidien, l’analyse des chiffres présentés par la FTQ sur les impacts prévisibles de la mise en application du Plan Nord. Il en arrive à la conclusion que les projections respectent les différents outils de mesure généralement utilisés dans l’industrie forestière à la lumière des différents documents publiés par le gouvernement et le Forestier en chef.

« Il est impossible d’établir des calculs pour évaluer les impacts au mètre cube de bois près, ou même au nombre d’emplois précis à plus ou moins 10, mais il en existe pour en arriver à quelques dizaines de milliers de mètres cubes de bois et plus ou moins 1000 emplois sans risque de dérapage », a déclaré l’ingénieur forestier qui agit aujourd’hui à titre de consultant indépendant.
À titre d’exemple, il rappelle que dans le rapport de la Commission Coulombe, l’Institut de la statistique du Québec avait établi que chaque tranche de 100 000 mètres cubes de bois récolté et transformé générait 350 emplois. Dans la région, ce sont 350 emplois qu’il faut multiplier par 21 tranches de 100 000 mètres cubes de bois.

« Ces emplois ne comprennent pas uniquement la récolte. Ils représentent toute la chaîne économique depuis la récolte jusqu’à la livraison du produit fini, en plus des travaux sylvicoles et de tous les services professionnels », conclut Gérard Poulin.

Craintes pour l’emploi reliées au Plan Nord

Pétition de plus de 2000 noms


« Depuis 2003, il y a sans cesse des coupures dans le bois. Avec le nouveau régime forestier, l’approvisionnement sera encore réduit en 2013 et une partie du CAAF sera donnée aux enchères. »

Un peu plus de 2000 travailleurs de la forêt et des citoyens de la région de Chibougamau ont signé une pétition pour convaincre le gouvernement du Québec de faire preuve de discernement dans la mise en œuvre de la mesure de protection de 50 % du territoire du Plan Nord en raison des conséquences de cette politique sur l’industrie forestière.

Si la région est menacée, les entreprises Chantier Chibougamau et Barrette-Chapais récoltent près de 100 % de leur approvisionnement en matière ligneuse au nord du 49e parallèle.

Cette initiative a été lancée par le syndicat des Métallos qui s’inquiète d’une éventuelle réduction de la possibilité forestière et de son impact sur l’emploi.

Les travailleurs considèrent que les modalités d’application de la protection du territoire ne sont pas encore connues et ne feront que rendre la situation encore plus complexe pour l’industrie.

« Depuis 2003, il y a sans cesse des coupures dans le bois. Avec le nouveau régime forestier, l’approvisionnement sera encore réduit en 2013 et une partie du CAAF sera donné aux enchères. Ils n’ont même pas encore fini d’expliquer la Paix des braves qu’ils introduisent encore des nouveaux changements », ont déclaré Stéphane Girard, avec l’appui de Pierre Leblond du Syndicat des Métallos affilié à la FTQ.

« Il ne faudrait pas que le Plan Nord nuise au nord », a conclu Réal Valiquette.

Article de Louis Tremblay, Journal Le Quotidien du 9 décembre 2011

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